Livre moribond ?

« Ce que je pense de la destinée des livres, mes chers amis ? Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point, et que les progrès de l’électricité et de la mécanique moderne m’interdisent de croire, que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en désuétude comme interprète de nos productions intellectuelles. L’imprimerie que Rivarol appelait si judicieusement “l’artillerie de la pensée”, l’imprimerie qui gouverne l’opinion par le livre, la brochure et le journal, l’imprimerie qui, à dater de 1436, régna si despotiquement sur nos esprits, me semble menacée de mort, à mon avis, par les divers progrès de l’électricité… »

Albert Robida, 1892, Le vingtième siècle, la vie électrique, Paris.